Activités
18 19 et 20 juin 2011
Sortie annuelle dans la région du Mans
Du 18 au 20 juin, 24 personnes ont participé à la sortie annuelle du CERAPAR au Mans organisée par Marie-Christine Hautbois.
Nous sommes d'abord allés au CERAM : Centre d'Etudes et de Ressources Archéologiques du Maine, organisme chargé de la valorisation des sites archéologiques d'Allonnes.
Cette agglomération tenait une place importante dans la civitas des Cenomans, et s'est développée parallèlement au Mans, le tout proche chef-lieu de la cité. Elle compte divers sites antiques, dont
les thermes Pasteur et le fanum de Perrières.
Le site de la Tour-aux-Fées a été redécouvert par Pierre Térouanne en 1953, qui l'a fouillé jusqu'en 1979. En 1994, l'Unité Mixte de Recherche 8546 du CNRS relance le programme de recherche sur ce complexe religieux consacré à Mars Mullo.
Le site présente plusieurs phases d'occupation allant du IVième siècle av JC au IVième siècle ap JC.
Les phases d'occupation laténiennes se caractérisent par des trous de poteaux et des dépôts d'armes dont de nombreuses épées pliées. Les vestiges d'un fanum carré apparaissent au Ier siècle ap JC. Ce premier temple est remplacé par un très grand sanctuaire au début du second siècle. Il comprend une cella circulaire avec pronaos sur un podium au centre d'un quadriportique de 90 m de côté.
Un péribole à sept exèdres entoure l'ensemble. La cella centrale faisait 22 m de haut, les vestiges actuels correspondent à son podium.
Parmi les matériaux de construction utilisés, on trouve des blocs de calcaire, de grès roussard, et des placages de marbre provenant de tout le pourtour méditerranéen. La fouille a livré des fragments de sculpture dont une tête casquée du dieu mars Mullo et un autel taubolique en tuffeau (abandonné en cours de fabrication suite à une fissure).
La taille et la richesse de cet ensemble laisse penser qu'Allonnes était le sanctuaire principal de la cité des Cenomans, à proximité du chef-lieu. On retrouve cette organisation chez les Aulerques Eburvices avec le sanctuaire de Vieil-Evreux à proximité de la capitale Evreux.
La visite des locaux du CERAM nous a permis d'appréhender toutes les missions de cet organisme :
ateliers avec des scolaires, visites guidées du site, expositions temporaires, fouille de la villa de Roullée à Mont-Saint Jean près de la forêt de Sillé-le-Guillaume.
Le groupe s'est ensuite rendu à l'abbaye de l'Epau à proximité du Mans. Cet établissement cistercien a été fondé par Bérengère de Navarre, épouse de Richard Coeur de lion, en 1229. L'ensemble comprend une église abbatiale inachevée au transept très développé, et un cloître, en partie détruit.
L'organisation des bâtiments est typique de l'ordre cistercien avec autour du cloître la sacristie et le chapitre, le dortoir à l'étage, le scriptorium à côté du chauffoir et le réfectoire.
Le gisant de Bérengère de Navarre a été placé dans la salle capitulaire où, en 1960, Pierre Térouanne a fouillé 8 tombes, dont celle d'une femme d'une soixantaine d'années, peut-être la fondatrice de l'abbaye.
Le dortoir à voûte en bois lambrissé a un accès direct à l'église pour l'office de nuit. Le scriptorium, aux fenêtres étroites et sombres n'a peut-être été utilisé que comme cellier. Dans la sacristie, on voit des peintures murales du XIVe siècle.

La journée du dimanche a commencée par la visite du nouveau Musée d'Archéologie et d'Histoire du Mans : le Carré Plantagenêt.
Il nous montre à travers ses collections, l'histoire de la ville et de son territoire, depuis la préhistoire jusqu'au moyen âge. On peut y voir des objets remarquables, dont :
le galet gravé au glouton de Saulges, le dépôt monétaire de Sablons, le chapiteau d'Allonnes, le dieu sylvestre de Mont-Saint Jean, une remarquable corne à boire en verre antique, le suaire de Saint Bertrand, la salle des gisants, l'émail Plantagenêt, le trésor de Coeffort.
Le groupe est ensuite allé voir l'enceinte gallo-romaine de la ville, le long de la Sarthe. On y voit encore douze tours, une porte et trois poternes. La muraille, posée sur un soubassement de gros blocs, présente un parement très soigné formé d'une alternance de lits de briques et de motifs de moellons blancs et noirs en forme de cercles, losanges, chevrons, triangles, sabliers, lignes brisées ou obliques, etc. L'ensemble est lié au mortier de tuileau qui lui donne une couleur rose-rouge caractéristique. Ce monument ostentatoire, datant des années 200 ap JC, est le seul de cette taille en France.
La journée s'est terminée par une visite de la cathédrale. Elle comprend une nef romane, un choeur gothique et un transept flanqué d'une tour. Le porche sud abrite un portail à encadrement à dents de loup. La nef se caractérise par des alternances de grès roussard sombre et de calcaire blanc. Le choeur est entouré d'un double déambulatoire à chapelles rayonnantes. Dans la chapelle du chevet, les voûtes sont peintes et représentent le concert céleste sous forme de 47 anges musiciens et chanteurs, chef d'oeuvre de la peinture de la fin du XIVe siècle. Depuis la place des Jacobins, nous pouvons admirer les arcs-boutants en forme de Y inversés, qui rayonnent autour du chevet gothique.

Le lundi, un groupe plus réduit a suivi Jean Rioufreyt tout d’abord sur le camp de la butte de Vaux, entouré partiellement d’un rempart de terre et de pierres qui atteint quatre mètres de hauteur. Les sondages effectués au début des années 70 au niveau du rempart ont mis en évidence une occupation au Néolithique, au Calcolithique, à l’Age du Bronze et pour finir à l’Age du Fer.
Nous avons découvert ensuite l’allée couverte d’Amnon où les fouilles ont mis au jour des tessons de vase campaniforme, une pointe de flèche et des ossements sous la dalle. Ce monument de grès a été daté de 2000 ans avant J.-C..
Après un petit arrêt à la source de l’aqueduc d’Aubigné-Racan, nous avons vu l’allée couverte de type angevin du Colombier. D’une longueur de six mètres, elle se compose de deux tables de couverture reposant sur cinq orthostats. Le portique de l’entrée s’est malheureusement écroulé.
Toujours sous la conduite de Jean Rioufreyt, nous avons passé tout l’après-midi sur le site d’Aubigné-Racan dont la superficie atteint 40 Ha.
Ce site de Cherré qui est peut-être un lieu de pélérinage, se compose d’un théâtre, d’un marché forum, d’un temple et de thermes.
Le Théâtre est bien conservé, il mesure 66 m de diamètre et est composé d’un mur de scène, d’une cavea et de trois vomitoires séparant les travées. Seules les bases étaient en pierre, le reste de la structure étant constitué de bois. Des jalons de construction ont été découverts lors des fouilles, ils sont encore bien visibles dans la maçonnerie. Le théâtre pouvait contenir 3200 spectateurs avec dans l’ordre de bas en haut : les notables, les corporations, les militaires, les citoyens (ruraux), les esclaves et enfin les femmes. Il a été construit vers 60 ap. J.-C. et agrandi vers 150 ap. J.-C. avec notamment des rognons de silex. La grosse surprise lors des fouilles fut la découverte de 5 mégalithes ainsi que 8 tumuli sous le théâtre. Le mobilier découvert sous ces pierres consistait en tessons de l’Age du Fer et une urne avec ossements calcinés, datée de la fin du 5e s. au début du 4e s. av. J.-C.. Des fibules, perles, et 23 monnaies du 1e s. au 3e s. ap. J.-C. furent aussi mises au jour.
A l'ouest du théâtre, un marché forum est une cour rectangulaire de 66m x 40m sur laquelle s'ouvrent des galeries qui servaient de halles. Au centre se trouvait une fontaine. Deux galeries étaient dédiées à l’alimentation, deux autres pour la quincaillerie et il y avait deux pavillons administratifs. 600 monnaies dont 450 de la fin du 3e s. ont été découvertes sur le site ainsi que 600 poteries et de nombreux outils, des fibules… A proximité de ce marché forum l’arrivée de l’aqueduc en maçonnerie et un bassin en bois ont été attestés.
Le temple du 1e s. ap. J.-C. est de type celto-romain et possédait 6 colonnes de 0,90 m de diamètre en façade. Il est de forme rectangulaire et à cella carrée. Ses dimensions sont les mêmes (à 10- 20 cm près) que la tour Carrée à Nîmes (sa hauteur atteignait 18 m). La cella est entourée d'une galerie sur trois de ses côtés, le quatrième s'ouvrant sur un pronaos. Dans la cour, face au temple et légèrement désaxée par rapport à celui-ci, un bassin a été découvert. Un vaste péribole du 2e s. de forme carré de 90 m de côté enserre le temple.
Les thermes du 1e s. ap. J.-C. étaient sans doute privés et réservés aux prêtres qui officiaient dans le temple voisin. Ils ont un plan centré asymétrique et étaient richement décorés de cinq types de marbres différents. Une petite curiosité, les latrines étaient judicieusement implantées afin d’utiliser l’écoulement des eaux des différents bassins.
Sur le site et à proximité ont été découvertes de nombreuses monnaies et sépultures, des fourreaux d'épées, des boucliers, chaudrons… En 2006, le Conseil Général de la Sarthe et le Centre Allonnais de Prospection et de Recherches Archéologiques ont mis en place un projet de mise en valeur des vestiges. Aujourd'hui un cheminement accessible aux personnes à mobilité réduite et des panneaux explicatifs sont disponibles sur le site et permettent ainsi une véritable visite en autonomie.