Activités
Dimanche 21/6/2009
Sortie annuelle en sud Manche
Nous étions une bonne vingtaine à cette sortie annuelle organisée par Franck Le Mercier dans le sud Manche à quelques encablures de notre port d’attache qu’est le bassin rennais.
Le premier site visité, l’abbaye de Hambye, fondée par le seigneur du même nom, a été construite entre 1150 et 1250 dans un mélange de style roman et gothique. Des transformations y ont été effectuées au XVe siècle.
L’élément principal est l’église, ce beau vaisseau de 25m, surmontée d’une tour qui culmine, tel un puissant espar, à 30m de hauteur. On retrouve ici la sérénité d’une nef très sobre qui incite le regard à s’élever. Le transept et le cœur sont toutefois plus décorés : une scène de chasse, des fleurs de lys, des encorbellements moulurés pour le premier et des chapiteaux de colonnes ornés de fleurs, palmettes, acanthes qui s’entrelacent pour le second.
Un jardin très sobre recrée l’emplacement du cloître du XIIIe siècle formé de simples préaux soutenus par des poteaux de bois et embelli au XVIe siècle par des petites colonnes de granit.
La salle capitulaire est sans conteste le clou de la visite. C’est une pure merveille de l’art gothique normand. De fines croisées d’ogives retombent sur des colonnes engagées aux chapiteaux tous différents. Les colonnes centrales sont en granit de Jersey. La dernière, au rond point, reçoit les arcs, des voûtains triangulaires à trois branches d’ogives, qui retombent avec légèreté tels les feuilles d’un palmier. Les clés de voûte représentent principalement des végétaux et des fresques des XIIIe et XVe siècles sont apparues sur les murs au fil des restaurations.
Sont proposés également à la visite, le scriptorium, le parloir, la sacristie, la cuisine avec une cheminée à double linteau appareillé en crossette et les communs.
Après un pique-nique (accompagné de cidre normand) au bord d’un étang de la forêt domaniale de Saint-Sever, nous sommes partis à l’assaut de la belle motte du Vieux Château toute proche. Cette fortification, élevée dans la première moitié du XIe siècle par les vicomtes d’Avranches, se trouve à proximité de la voie romaine de Vieux à Avranches.
Elle est installée sur un site en forme d’éperon qui s’élève progressivement vers l’ouest. La motte, ceinturée d’un fossé, est grossièrement circulaire et a une hauteur de 6m pour un diamètre de 27,5 m à sa base et de 12m au sommet. Elle est protégée à l’ouest par deux rangées de remparts et de fossés disposés en croissant de lune. Sur chacune de ces levées est aménagée une petite plate-forme sur laquelle ont pu être implantées des constructions adossées au talus. La basse-cour, de forme triangulaire, se trouve à l’est et est défendue naturellement par l’escarpement. L’ensemble de la fortification mesure un peu plus de 100m sur 80m.
Ensuite, c’est avec beaucoup d’intérêt que nous avons découvert le prieuré Saint-Léonard à Vains en bordure de la baie du Mont-Saint-Michel.
L’église, construite en schiste local et granite d’Avranches, est de forme rectangulaire et orientée d’ouest en est. Elle comprend une nef et un choeur de deux travées à chevet plat. La tour, située dans l’axe du vaisseau, est implantée entre choeur et nef.
A l’intérieur, la travée supportant la tour est délimitée par de gros piliers qui reçoivent quatre arcs en plein-cintre encadrant une voûte d’arêtes.
Les indices de datation doivent être cherchés dans la tour. Les éléments d’opus spicatum présents dans les maçonneries de la base, la disposition intérieure de la tour et les arcatures jumelles en plein-cintre ornant son second étage permettent de dater l’église du début du XIIe siècle.
Les amateurs de très vieilles pierres ont été comblés par la visite d’un des deux polissoirs néolithiques du département, celui de Saint-Benoist, sur la Départementale 363 près de Saint-James. Les polissoirs sont des roches de plus ou moins grandes dimensions (certains sont “portatifs”) qui servaient à polir les pierres utilisées dans la fabrication d’outils et en particulier les haches. Les rainures des polissoirs sont utilisées pour polir les flancs ou les tranchants des haches et à retenir l'abrasif et l'humidité liés au travail de polissage
La « Pierre de Saint Benoist » est un bloc de quartzite blanc de dimension modeste (1,25m sur 0,5m) affleurant à peine au niveau des herbes. On observe à sa surface, une douzaine de rainures parallèles et une cuvette au centre. Des fouilles ont été faites autour, en 1885, jusqu'à 2m de profondeur. Elles ont permis la découverte de plusieurs haches brisées à demi polies, d'autres entièrement polies, une hache en jade foncé avec un trou de suspension vers la pointe. Une légende est attachée à ce mégalithe, issue sans doute d'une volonté de christianisation : les veines roses qui parcourent le bloc sont les veines du saint qui aurait été pétrifié à cet endroit, les rainures étant les empreintes de ses côtes.
Pour terminer cette journée nous avons gagné la commune de Saint-Sauveur-des-Landes où se cache dans le bois du Champ Lion un ensemble d’enclos fort bien conservé. L’enclos principal, entouré de talus et de fossés, est quadrangulaire et ses côtés mesurent respectivement 47,57, 38 et 50m. Deux ouvertures sont présentes : une de 5m à l’ouest et une plus petite au nord-est. Les fossés atteignent une profondeur maximale de 3m et, dans la partie sud-ouest de l’enclos, de nombreuses pierres apparaissent, signe probable d’une ancienne construction. Autour de cet enclos s’élève toute une série de talus fossés à profil variable et d’anciens axes de circulations reconnaissables par leur bombé caractéristique, signes d’un site important. L’analyse de ce site est difficile, mais de par les dimensions de l’enclos principal, il n’est pas exclu de le dater de la période gauloise avec une réutilisation à la période médiévale. Le rôle fossilisateur du milieu forestier est ici bien mis en évidence.
Nous nous sommes quittés devant l’église de Saint-Sauveur-des-Landes qui possède contre le mur sud quatre pierres tombales dont une datée du XVIe siècle.