Activités
Samedi 7/3/2009
Assemblée Générale
L’Assemblée Générale a commencée par la présentation de deux films de Cyrille Chaigneau sur le site du Pilier en forêt du Gâvre.
C’est un ensemble de 90 mégalithes couchés au sol, alignés sur 1100 mètres. Cet été, la zone a été débroussaillée et les blocs ont été nettoyés. Le relevé des mégalithes a été supervisé par Serge Cassen.
L’objectif est de dater cet alignement par la méthode OSL ou Luminescence Optiquement Stimulée, basée sur les propriétés du quartz qui enregistre le moment où il a été enfoui. Pour cela des prélèvements ont été effectués par Pierre Guibert. En attendant leurs résultats les prospections continuent en forêt du Gâvre : en 4 mois, un alignement et trois stèles mégalithiques ont été mis à jour.

L’Assemblée Générale s’est poursuivie par une intervention de Jean-Claude Meuret sur les fouilles effectuées à Visseiche.
Cette commune présente de nombreux sites dont certains ont été fouillés, notamment :

- un enclos de l’âge de fer qui a livré des currency bars (barres monétaires en fer), signe de flux commerciaux
- le pont de la voie romaine Rennes-Angers sur la Seiche dont les poteaux de bois sont aux Champs Libres
- deux nécropoles du haut moyen-âge avec des sarcophages en calcaire coquillier et des coffres en dalles de schiste

Cette continuité d’occupation se retrouve sur le site de la Montagne qui a fait l’objet de trois fouilles de 2004 à 2008. Le site comporte trois tumulus et une ferme laténienne.
Un tumulus a révélé trois fosses d’inhumation vides. Un second tumulus a livré de la céramique de l’âge de bronze.
Le troisième tumulus était entouré de 17 trous de poteaux et a livré les restes d’une stèle. On peut l’imaginer comme un tertre surmonté d’une stèle et entouré de 17 poteaux reliés par des poutres formant un portique circulaire.
La ferme laténienne est un enclos trapézoïdal avec fossé et talus. Elle a livré divers type de mobiliers :

-fragments de pots de la Tène finale à cols en S
-fragments de plaques foyères
-peson de tisserand, soc d’araire, creuset

Les nombreux trous de poteaux permettent de reconstituer les bâtiments présents dans l’enclos :

-greniers à 4 poteaux porteurs
-bâtiments d’habitat à plan en abside
-entrée « monumentale » avec tour de protection, portail et talus

C’est toute une vie quotidienne vieille de plus de 2000 ans qui renaît ainsi sous nos yeux.

L’Assemblée Générale s’est poursuivie par le rapport moral de l’association présenté par Alain Priol, qui a été approuvé à l’unanimité.

Ensuite André Corre a présenté sous forme de diaporamas les principales activités réalisées en 2008 :

-les prospections en forêt : Liffré, Saint-Aubin-du-Cormier, Montauban-de-Bretagne
-les prospections en champs ouverts à Moigné, Chavagne, Cesson-Sévigné
-le relevé des blocs du site des Fossés à Trémelin

Il a ensuite évoqué les projets d’activité pour 2009 :

-les relevés de mégalithes en forêt de Saint-Aubin-du-Cormier, à Iffendic, à Comblessac
-les relevés d’un site à cupules à Monterfil, de gravures rupestres à Saint Thurial
-les relevés du château médiéval de Marcillé-Robert avec Jean-Claude Meuret

Le rapport financier présenté par Pierre Tessier a été adopté à l’unanimité. Le montant de la cotisation annuelle reste fixé à 20 Euros.

Lors du vote de renouvellement du conseil d’administration, les membres qui se représentaient ont été élus : André Corre, Marie-Christine Hautbois, Franck Le Mercier, Alain Priol et Pascal Romano. Deux nouveaux membres ont été élus : Cyrille Chaigneau et Gérard Gaudin en remplacement de Jérôme Cucarull et d’André Morin qui ne se représentaient pas.
Le bêtisier 2008 a suivi le vote et a également emporté tous les suffrages !
Cet après-midi bien rempli s’est terminé à la Maison de l’Archéologie par le traditionnel vin d’honneur et le repas au restaurant "Le Crocodile" à Pacé.


Voici le rapport moral présenté par Alain Priol Président du CERAPAR :

Monsieur le Maire, Madame l’Adjoint au Maire, Mesdames, Messieurs, chers amis.

L’année 2008 a été marquée une fois de plus par l’engagement, le dynamisme et le rayonnement de l’association, ancrée dans le paysage pacéen, mais aussi active sur une bonne partie du département d’Ille-et-Vilaine.
Le CERAPAR est aujourd’hui un acteur reconnu, qui apporte sa contribution à la démarche archéologique, par sa capacité à appréhender les spécificités de l’évolution diachronique des territoires sur lesquels il intervient.

Notre approche du territoire sous l’angle de l’archéologie est résolument partenariale : ce que nous déclinons avec les associations qui partagent nos objectifs, telles notamment le CERAA de Saint-Malo, le CERAM de Vannes, mais aussi BUXERIA de La Bouëxière, La Mémoire de Saint-Grégoire, les chemins de la mémoire de Betton, Nature et mégalithes de Saint-Just… Cette approche vaut également pour les partenaires institutionnels : le service régional d’archéologie bien sûr, mais également l’UMR 6566 du CNRS et le musée de Bretagne.

Plusieurs collectivités locales, en premier lieu des communes, notamment celle de Pacé, et le département d’Ille-et-Vilaine soutiennent l’action du CERAPAR, et je souhaite profiter de l’occasion qui m’est donnée aujourd’hui pour les en remercier. Les subventions obtenues témoignent de l’intérêt des élus pour l’action de l’association et pour le patrimoine en général.
Le travail présenté lors de cette assemblée générale est la résultante de l’investissement personnel des membres de l’association et du soutien des partenaires.

Il faut souligner que nous ne concevons pas notre intervention sans la convivialité, ce ciment de la cohésion de nos équipes est le gage de la qualité des travaux menés.

Après deux années marquées par des opérations de sondage importantes, marquant le réinvestissement du CERAPAR dans ce domaine, l’association a fait de la prospection et des relevés son objectif phare de l’année 2008.
Le CERAPAR a donc été aperçu dans de multiples lieux cette année :
Tout d’abord en bordure de Vilaine, à la recherche d’indices du néolithique à Chavagne ou Moigné , recherches qui furent l’occasion de la découvertes de sites inédits marqués par la présence d’outils en silex.

Les prospections menées à proximité de Montauban de Bretagne mirent en évidence des traces d’une métallurgie du fer importante, visiblement d’époque romaine selon les premières indications des analyses des scories recueillies. Ce travail prometteur n’est qu’à ses débuts mais sera complété par une approche systématique de la forêt domaniale de Montauban qui n’a fait qu’être esquissée cette année.

L’année 2008 a également été celle de la fin du travail de relevés et prospections sur le territoire de la forêt de Liffré. Fin sans doute provisoire : bien des questions restent encore sans réponses, et nous avons choisi de maintenir une veille sur les deux massifs forestiers domaniaux de Rennes et de Liffré. Mais déjà commence un travail semblable qui occupe beaucoup la vaillante équipe des travaux en semaine : la forêt de Saint-Aubin du Cormier, marquée non pas par la présence d’enclos et de tertres mais par plusieurs mégalithes.

La recherche sur le terrain du tracé des voies anciennes, notamment celles liées à l’époque gallo-romaine, a constitué un sujet de choix pour cette année. Qu’il s’agisse du tracé de la voie Rennes-Avranches en forêt de Rennes, de la voie rennes-Bayeux en Thorigné-Fouillard, du chemin dit « de Chasles » à Saint-Ouen des Alleux, du chemin « des Saulniers » dans la région de Retiers, de la voie Rennes-Nantes, ou de l'itnéraire Rieux Corseul plusieurs portions d’itinéraires ont fait l’objet d’investigation cette année. Sont-elles toutes « romaines ?», personne ne peut l’assurer avec certitude, cependant, il faut constater, qu’elle pourraient, pour certaines portions au moins, remonter à un âge plus avancé. La région à l’âge du fer était loin d’être un désert et la voirie au moins nécessaire !.

C’est un travail peu facile, car sur le terrain les vestiges sont parfois ténus, presque oblitérés par l’évolution des paysages au cours des siècles. Toutefois, le succès fut au rendez-vous dans de nombreux cas, démontrant ainsi que pour ce genre de recherche il n’y a que la confrontation au terrain qui vaille.

Les fortifications en terre de l’époque médiévale ont également été le sujet de plusieurs sorties. Ce fut le cas notamment à Pacé , où nous pensons avoir identifié une plate-forme liée à la motte féodale détruite de Champagne, et au site presque homonyme de Champagné en Gévezé où des aménagements complémentaires à la motte sont détectables.

Mais l’étude la plus emblématique de l’année est bien entendu l’ensemble des Fossés à Iffendic : Plus de 115 blocs de schiste concentrés à l’intérieur d’une bande de 130 mètres de longueur pour 32 mètres de largeur, dont au moins un possible alignement, ont fait l’objet de sorties régulières le vendredi afin d’en sortir un plan précis et un relevé de l'ensemble des blocs. L’origine anthropique ne fait pas de doutes, après confirmation par des géologues, et il faut donc désormais envisager avec vraisemblance un grand ensemble mégalithique.

La même équipe a mis en évidence un très probable dolmen ruiné en forêt de Liffré, terminant ainsi en beauté nos investigations dans ce massif forestier. Là aussi un relevé patient et précis a été réalisé apportant des éléments particulièrement probants.

L’année 2008 fut aussi celle de la publication dans les dossiers du CERAA des résultats des travaux menés en forêt de Rennes, illustrant ainsi notre attachement à mener la démarche scientifique jusqu’au bout, et donc, à la nécessaire publication. Cet effort doit être poursuivi.

Le CERAPAR a aussi un but de diffusion des connaissances. En direction du public nous avons ainsi réalisé une conférence au centre culturel de Liffré sur le thème des résultats de nos recherches en forêt.
De même nous avions choisi de faire des journées du patrimoine un moment privilégié de rencontre avec la population, notamment les pacéens. Une animation particulière sur le thème de la métallurgie a pu être réalisée grâçe à l’appui et à la compétence de Claude l’Hyver qui a apporté ainsi une illustration concrète à notre approche du travail du fer. Une porte ouverte a complété cette présentation.

En direction de ses adhérents, le CERAPAR effectue aussi de nombreuses sorties de découvertes afin de faire connaître le patrimoine archéologique. En tout premier lieu je citerai la traditionnelle sortie annuelle qui nous a conduit cette année en direction de la Mayenne sous un soleil radieux à Jublains et dans ses environs, c’est un département très attachant et qui méritera d’autres déplacements. Maël-Carhaix, les bords de Rance, la région de Redon, en collaboration avec le CERAM, la forêt du Gâvre, ou plus proche de nous Domloup, l’abbaye de Saint-Sulpice la Forêt, la motte de Beaumont en Mordelles, mais aussi l’exposition sur le « Roi Arthur » sont autant de lieux qui ont fait l’objet d’une visite organisée par le CERAPAR.

La sortie organisée récemment dans la région de Retiers a été centrée sur le patrimoine mégalithique mais elle s’est traduite par la découverte inattendue d’une hache polie à proximité immédiate du menhir « La pierre aux fées » en Janzé !.

Bien entendu notre traditionnelle activité de rangement et d’étude des collections a été poursuivie : c’est souvent une occasion privilégiée pour mettre en commun des informations recueillies sur de nouvelles découvertes.

Outil privilégié d’information et de contact entre les membres, le site internet continue à voir sa fréquentation croître, 36050 visiteurs au total depuis sa création. Et il vient de voir son design profondément revu par notre webmestre, Michel DAVID afin de lui donner un abord plus convivial.
Le grattoir, notre bulletin semestriel des activités vient lui d’être relancé avec bonheur par Dominique EGU.

Enfin j’invite ceux qui ne l’ont pas encore fait à venir voir notre bibliothèque, qui s’est enrichis de nouveaux ouvrages.

Un mot sur notre « équipe de la semaine », elle est à géométrie variable, mais le noyau dur composé d’André CORRE, de Gérard GAUDIN, de Jean Luc JAVRE, et de Franck LEMERCIER se retrouve régulièrement pour les travaux de relevés sur le terrain en général le lundi et le vendredi et donne ainsi une souplesse d’action supplémentaire particulièrement précieuse pour les travaux les plus importants, notamment les relevés.

Les projets pour 2009 peuvent se résumer en quatre axes :

1°) La poursuite des ramassages de surface dans les abords immédiats du bassin de Rennes, particulièrement dans les secteurs insuffisamment couverts, pour identifier des sites archéologiques inédits : sont plus particulièrement envisagés les régions de Bréal sous Montfort, Montauban de Bretagne et Saint-Aubin d’Aubigné, mais aussi le cœur du bassin qui peut encore révéler (les prospections de 2008 l’ont prouvé) des sites inédits, particulièrement pour les périodes préhistoriques et protohistoriques. En fonction des données météorologiques, des survols aériens pourront être envisagés. En parallèle un travail spécifique sera poursuivi sur le thème de la métallurgie ancienne, notamment aux périodes gauloise et gallo-romaine dans le secteur de prospection du CERAPAR.

2°) La cartographie et l’identification des sites archéologiques en couvert forestier, notamment dans les forêts de Montauban-de-Bretagne et Saint-Aubin-du-Cormier va se poursuivre : le travail réalisé en partenariat avec l’ONF en forêt de Rennes et en forêt de Liffré a montré l’utilité de la démarche par la mise en évidence de plusieurs sites fossilisés sous formes de talus et de fossés. La recherche portera également sur les lisières des forêts.

3°) Le travail spécifique de recherche engagé par plusieurs partenaires (dont l’UMR 6566 du CNRS) sur le thème de l’occupation humaine dans le périmètre de l’ancienne forêt de Brocéliande (PCR « Brécilien »)) mobilisera également les moyens de prospection du CERAPAR : le travail qui a débuté sur Iffendic et Montfort-sur-Meu va se poursuivre.

4°) la diffusion de la connaissance par la présentation au public du résultat des recherches est un enjeu fondamental pour le respect du patrimoine. A ce titre des actions seront poursuivies en 2009 : conférences, présentation de résultats et visites de sites.

Fidèle à son ancrage pacéen, le CERAPAR va prévoir une animation spécifique à l’automne sur la commune afin de mieux faire connaître son action, par une journée centrée sur la présentation des résultats de la recherche, mais aussi des méthodes de la prospection et des relevés archéologiques.

Le CERAPAR prouve au quotidien que l’engagement archéologique de terrain est possible pour des bénévoles, en complément et en liaison avec l’archéologie professionnelle.
Par son action résolue et sa connaissance du territoire, le CERAPAR continuera à apporter des éléments essentiels à la compréhension de l’évolution diachronique des paysages.

Alain PRIOL